Aujourd'hui mon Papa aurait eu 100 ans

Article de sa petite-fille paru dans Femmes d'aujourd'hui .en son temps :

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..A PROPROS DES GRANDS-PARENTS:

Les grands-parents nouveaux sont là. C'est le cadeau de ce siècle. Quelques décades de plus pour chaque vie, et des familles qui s'élargissent, des générations, parfois quatre qui se côtoient.

Une victoire sur le temps, et aussi un bouleversement total du Paf (paysage...familial!)..aux orties, les images d'Epinal Papy nounours ascendant pantoufles, Mamy-Bobo-gâteau. En 1999, les vieux ne sont plus vieux, ils travaillent, bougent, découvrent encore et restent aussi les "anciens" ceux qui "savent", le trait-d'union d'une famille en pleine évolution, qui recherche une référence désespérément.Dur(s) métier(s) Mais d'autres sociologues,psychologues, ou simplement bavards, vous en parleront beaucoup mieux que moi.

Parce que c'est lui,parce que c'est moi, c'est de mon grand-père que je voudrais vous parler.

Un grand-père qui n'est pas un Papy nouveau pourtant "een echte man van negen" comme ceux de son année disent à Louvain, un demi-siècle tout juste de plusque moi, et toute la saveur tout le recul, toute la sagesse de quelqu'un qui a vécu un siècle passionnant, et qui n'a aucune intention d'en rester là: l'an 2000 n'a qu'à bien se tenir!

Mais retour en arrière, à la pèche aux souvenirs, pour se retrouver en 1940 et 1945 au N.I.R. (Nationaal Instituut Voor Radio-Omroep) Tiens

Oui, c'est à la radio puis à la B.R.T. qu'il fit toute sa carrière après la B.N.R.O à Londres ou il fut le correspondant de guerre. Une période anglaise pour toute sa famille, qui explique biens de choses : ma passion immodérée pour le trifle et les mincemeat pies, mon pendant pour les promenades sous la pluie...et la préférence pour toute un descendance pour le thé au lait. A Proust les madeleines à Combray, sa Tante Léonie et son infusion de tilleul. A moi les toasts au miel, mes grands-parents et le ....breakfast tea au lait... breuvage, mélange magique qui me ramènent immanquablement chez eux aux alentours de cinq heures.

Autre arrêt sur l'image du souvenir: la B.R.T....au début des années soixante... mon Grand-Père poursuit sa carrière journalistique...et moi vingt ans avant la Villa Louvigny et la Villa Roosevelt,et R.T.L., je découvre les locaux de la Place Flagey

Quatre ans aux pommes, j'inspecte tout : les couloirs interminables, les photocopieuses,(les photocopies de mes pieds au nombre incalculables étaient d'une importance capitale pour moi) les cartes météo de Armand Pien, et les tout premiers télé-prompteurs que mon Grand-Père a ramené des Etats-Unis. De son immense bureau qui donne sur la Place, je passe les heures aussi à observer les trams...et lui a m'expliquer comment ils font pour avancer et pourquoi il y a des étincelles au bout de la flèche...

C'est drôle comme l'histoire se télescope : c'est presque un hasard si en 1984, après des études en science économique et en journalisme , je suis entrée à la télévision, pour voir. Un hasard (!) et un parcours qui le font sourire, lui dont j'ai parfois l'impression qu'il savait alors. Les images se bousculent : c'est tellement difficile d'évoquer toute une vie et un grand amour en deux ou trois paragraphes.

Après il y a eu la retraite, les noces d'or, les quatre fois vingt ans...et toujours son bon sens, son humour,anglais lui aussi,sa vivacité jamais défaillante et sa présence. Car il est toujours là mon sage, ancien d'une tribu cosmopolite dont il est la référence, le garde-fou et le point de ralliement

Je n'ai qu'un souhait aujourd'hui : être pour quelqu'un  dans quelques années à venir tout ce qu'il a été pour moi, Si Dieu le veut !

Comments

[Piroshka]

Comme c'est émouvant ! Tu as de la chance d'avoir eu de tels rapports avec ton grand-père .J'ai toujours pensé que nous avions des origines communes ,je me trompe peu-être ...
Je t'embrasse
Edith

[Catherine]

Quel joli texte! On sent toute la profondeur d'un attachement véritable. J'aimerais tellement avoir encore mes grands-mères!

[lesptiteseugénie]

et voilà, une petite larme mais une une larme d'émotion à la lecture de ces quelques lignes si délicatement écrites.
C'est un bel héritage d'amour que tu as reçu.
bisous

[Sylvie la Cagoui]

Quel bel hommage! Quel modèle à suivre!

Amiquiltement.

[komete]

Nous sommes vivant pour environ trois générations après notre départ dans les souvenirs que nous laissons dans le coeur de nos descendants, la relève est assurée dans ta belle famille.